Localisation
Strasbourg (France)
Année de réalisation
2023
Client
UNISTRA - Université de Strasbourg
Superficie
1500 m²
Partenaires
frenak+jullien (Architectes mandataires), FORR (Architecture du paysage), MaP3 (Ingénierie structure), m+mathieu holdrinet (Architecte d'opération), Espace Temps (Ingénierie mécanique-électrique, efficacité énergétique et développement durable), OTE (Ingénierie voirie et réseaux divers), dUCKS scéno (Scénographie), Lamoureux (Acoustique), Téra-création (Signalétique), Echoes (Economie)
Construction
Charpente Houot, Bringholf Constructions, ADLER, SIRC, Martin Fils, Schoenenberger
Photographe
Maxime Delvaux

 

Au cœur de l’Université de Strasbourg, le long de l’avenue de la Victoire, le nouveau Planétarium du Jardin des sciences a ouvert ses portes dans un jardin réaménagé. Sa position stratégique en a fait un signal dans la ville. Figurer le ciel, imaginer le cosmos, parler d’astronomie : la dimension onirique du programme a inspiré la forme singulière du bâtiment à l’équipe d’architectes menée par frenak+jullien (France), avec Cardin Julien (Canada), architectes associés et m+mathieu holdrinet (France), architecte d’opération.

Un rapport au ciel et au sol

Entre les imposants instituts de Zoologie et de Géologie, le planétarium est constitué de deux volumes sombres qui se détachent dans la masse verdoyante du jardin : un cône tronqué pour abriter la salle de projection de 138 places doublé de sa galerie d’accès ; un volume cylindrique pour accueillir le hall du Jardin des sciences et les services associés. Tendu vers le ciel, le cône tronqué suggère une quête atemporelle de connaissances de l’univers, tandis que le hall d’accueil, ouvert et rayonnant, renvoie vers les multiples sites gérés par le Jardin des sciences. Dédié à la diffusion de la culture scientifique au sein de l’université, le Jardin des sciences trouve ainsi une visibilité nouvelle.

Un bâtiment-machine

La géométrie insolite de l’édifice évoque les bâtiments-machines construits au XIXe siècle présents sur le site, tels la coupole de l’observatoire ou les pavillons des mires et renvoie aux instruments de mesure de l’astronomie, tel l’astrolabe. Pour les passants, le disque métallique du cône fait signe et réagit aux couleurs changeantes du ciel ; pour les riverains qui surplombent le site, la cinquième façade du planétarium évoque un instrument astronomique posé dans un jardin.

Une dualité féconde

Les deux éléments, le planétarium et l’accueil du Jardin des sciences, sont faits d’ingrédients communs mais organisés de façon opposée. Le planétarium, introverti, est vide sur son pourtour (galerie d’accès à la salle) et plein en son centre (la salle) tandis que l’accueil, largement ouvert sur le jardin, est vide en son centre (le hall) et cerné d’une couronne bâtie (les services). L’un est lumineux et s’ouvre sur le ciel par une verrière formant un cadran solaire tandis que l’autre est plongé dans l’obscurité, pour fabriquer le ciel artificiel du théâtre cosmique.

Mise en condition et immersion

Glissée entre l’hémisphère et la face intérieure du cône, la galerie circulaire en pente légère offre une expérience spatiale pour passer de la clarté du hall à la pénombre indispensable au théâtre cosmique, où se fabriquent les cieux artificiels. Les panneaux de bois CLT de la structure mise à nu y atteignent 17 mètres et forment des facettes géantes : une démesure qui prépare au voyage dans l’espace. La rampe en pente douce conduit le spectateur en haut de la salle, sous le dôme de projection dont la suspension et l’inclinaison accusent l’effet d’immersion. L’éclairage, minimal, éclaire un environnement bleu nuit à haut coefficient d’absorption. Les six projecteurs numériques répartis au pourtour sont accessibles par la galerie technique qui entoure la salle.

Poupées russes

L’emboîtement des volumes (cône, dôme, écran) et la précision attendue pour la suspension de l’écran de projection ont conduit à des solutions constructives particulières et ont impliqué une logique de montage atypique en phase de chantier, le dôme métallique de la salle étant monté avant le clos couvert du cône.

Bois brûlé, bois clair, compacité : un souci environnemental et esthétique

Bois brûlé et aluminium dehors, bois clair et plâtre dedans : les matériaux utilisés pour le bâtiment sont peu nombreux, simples et contrastés. En extérieur, l’aspect tellurique ou volcanique du bâtiment est renforcé par une pellicule carbonisée des lames de pin Douglas, dont la texture marquée, d’un brun-noir profond, prend des reflets argentés sous un soleil rasant. En intérieur, les panneaux de bois clair prennent le relais, contribuant à l’atmosphère lumineuse du hall. La compacité du bâtiment, l’orientation des ouvertures côté hall permettent de limiter fortement les déperditions thermiques du bâtiment pour une bonne performance environnementale.

Jardin des sciences, jardin public

Traversant entre les deux rues, il est conçu comme une succession de milieux végétaux, du sous-bois ombragé au nord aux prairies ponctuées d’arbres au sud. En complément des beaux arbres conservés, des arbres de hauts jets et des cépées à fleurs composeront une ambiance forestière aux couleurs automnales marquées, en écho à la diversité du Jardin botanique tout proche. Au sud, une longue noue plantée permet la régulation des eaux pluviales et enrichit la gamme de milieux. En ponctuation, huit jardins circulaires à vocation pédagogique (les constellations) présentent des cortèges végétaux et paillages minéraux variés en écho aux instituts de Zoologie et de Géologie et au Jardin botanique et en référence aux huit planètes du système solaire.

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